Vive la crise !

Depuis des décennies, on nous dit que l’État n’a plus les moyens d’entretenir des services publics ou d’augmenter les salaires des fonctionnaires. Les caisses sont vides, il n’y a pas d’argent magique, et la seule solution est de couper dans les dépenses et de privatiser…

Alors j’avoue que je me suis réjoui quand la pandémie de Covid-19 a permis de confirmer que tout ceci n’était que mensonges. Bien sûr que les caisses de l’État ne sont pas vides et que ces dépenses étaient coupées pour des raisons idéologiques bien plus que financières. Quand la pandémie menace l’économie, l’argent est là, 200 milliards d’euros, et sans aucun tour de magie.

Je me suis réjoui que, face à l’urgence de la crise sanitaire, l’argent public ait permis de sauver de nombreuses petites entreprises de la faillite et, indirectement, d’éviter une flambée de chômage. On entend d’ailleurs beaucoup de gens, même de ceux qui se prétendent de gauche, dire que Macron n’a pas si mal géré la crise, sous prétexte qu’il a aidé de petites entreprises et de petites gens. Pourtant, la préservation des hôpitaux aurait coûté bien moins cher à l’État, en argent et en vies humaines. Alors comment lui pardonner qu’il a parallèlement poursuivi la privatisation du système de santé, continué à détériorer l’école, et détruire les services publics ?

En plus, ce qu’on dit moins, c’est qu’il a aussi profité de la pandémie pour très largement arroser des entreprises de ses amis qui n’en avaient absolument pas besoin. Selon Quentin Parrinello, d’Oxfam, les plus grandes fortunes françaises se sont enrichies grâce à l’argent public versé sans condition par les gouvernements et par les banques centrales. Des sommes qui auraient pu, à la place, permettre de quadrupler le budget de l’hôpital public.

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Il est intéressant de noter que même le Royaume Uni, le Canada ou les États-Unis ont peu ou prou fait ces mêmes entorses au capitalisme dont ils se réclament en général. Et là bas aussi, la pandémie a été une aubaine pour les milliardaires d’Amazon, Microsoft ou Facebook, qui ont profité du boom des livraisons et de l’utilisation accrue des ordinateurs pendant le confinement.

Spécificité française en revanche, les milliardaires qui se sont enrichis n’ont même pas cette excuse bidon. Louis Vuitton, Moët et Chandon, Hennessy, Dior, L’Oréal, Yves Saint Laurent, Gucci ou Chanel ? Du luxe, des fringues, du parfum et du champagne ! S’ils se sont enrichis, c’est parce que d’autres millionnaires ont dépensé leur argent en achetant ces produits complètement inutiles ! L’argent magique, il est là !

Pour la peine, plutôt que de les pendre tous, je propose plutôt de les noyer dans une piscine de Chanel n°5…

Dror

Narration : Félix Lobo