Édito

Édito

This is the end

Et voilà… On y est. C’est la fin de Mazette. La fin d’un beau rêve, d’une chouette aventure éditoriale. Même si ça n’a pas marché, je reste persuadée que notre concept est novateur et a du potentiel : un média rassemblant tout mode d’expression, au service de la satire. Un média de gauche, indépendant, fait par des passionnés. Mais il faut croire que nous ne sommes pas assez « start-up nation » : nous n’avons pas réussi à nous imposer suffisamment dans le paysage médiatique pour avoir une vraie chance de survie.

Croyez bien que j’en suis désolée… J’en porte la responsabilité, j’en suis persuadée. Je n’ai pas de formation de marketing, d’ailleurs rien que ce mot me file de l’eczema. J’ai tenté d’occuper les réseaux sociaux, d’y développer une communauté, mais en trois ans, ceux-ci ont beaucoup changé. Les algorithmes de facebook et twitter se sont durcis, et sans un solide budget publicitaire, il est devenu impossible de les utiliser pour notre communication ; nos posts étaient montrés à, en moyenne, à peine 10% des abonnés à notre page. Nous crachions pourtant un (petit) budget mensuel sur l’annonce de la sortie de chaque numéro, mais celui-ci était insuffisant pour avoir un réel impact. Or, avec une économie aussi modeste que la notre, où chaque euro compte, ça me fichait un poilounet les boules de refiler à Zuckerberg plus d’argent qu’aux auteurices, pour un résultat plus que vaporeux…

Il nous faut nous rendre à l’évidence : on est à la ramasse. Ce concept aurait pu être viable s’il avait pu se passer des réseaux sociaux. Par ailleurs il est un petit peu ironique de dépendre des GAFAM pour faire passer nos idées anticapitalistes !

C’est la fin de Mazette, mais c’est peut-être le début d’une nouvelle ère politique ? Dans quelques jours, les français voteront. Je n’arrive pas à comprendre comment Macron peut être toujours aussi haut dans les sondages alors qu’il passe son temps à insulter, mépriser, maltraiter les plus précaires, bousiller nos services publics, et n’a strictement aucune considération pour l’environnement. N’oublions jamais tout ce que lui et ses ministres nous ont fait : de la réautorisation des néonicotinoïdes à l’abandon de l’interdiction du glyphosate, de l’instauration de lois répressives (sécurité globale), protectrices envers les plus forts (secret des affaires, abrogation de l’ISF…) et hostiles envers les plus fragiles (baisse des APL, réforme du chômage, refus du RSA aux étudiants, et bientôt, retraite à 65 ans, RSA conditionné à du travail forcé, disparition de la pénibilité ou des régimes spéciaux – sauf pour la police… ), à l’élitisme, au renforcement des inégalités (fin de la gratuité de l’université…). Et pourtant. Je crois qu’en France, on adore ça, se faire humilier, maltraiter, abîmer nos droits. On adore l’idée que tous les pouvoirs soient concentrés dans les mains d’un seul homme, qui peut faire de nous ce qu’il veut, qui prend les décisions les plus importantes et liberticides en comité secret…

Sans déconner. S’il repasse, le pays connaîtra des mouvements sociaux inédits. Les gilets jaunes existent toujours, et leurs conditions de vie sont bien pires qu’elles ne l’étaient lorsque le mouvement a débuté. Le pays sera encore plus déchiré, fracturé. Tiraillé entre urgence sociale et urgence écologique. Car c’est bien ça le maître mot : « urgence ». On n’a plus 5 ans. À ignorer encore et toujours les alarmes, qui sait dans quelle situation inextricable nous serons après un quinquennat supplémentaire du roitelet ?

Il y a une seule chose que l’ont peut porter au crédit de Macron : il n’est pas raciste. Lui, son truc, c’est le fric, et le fric n’a pas de couleur. Mais ne pas être raciste est un petit peu léger pour gérer un pays en crise… Surtout quand on verse des millions d’euros publics à un cabinet de conseil qui pond des rapports à la limite de la constitutionnalité, qui n’auront pour effet que de faire basculer de nombreuses familles dans la pauvreté, et qui ne paye même pas ses impôts en France (ou alors très partiellement…). Surtout quand on fait de l’optimisation fiscale tout un art, et qu’on sous-estime très largement son patrimoine déclaré, ce qui est illégal (Oui oui, le président de la France vole la France, vous avez bien lu. Vous devriez regarder cette enquête du média libre « Off investigation », si vous ne l’avez déjà vue, et n’hésitez pas à faire tourner cette vidéo surtout !). Mais ces récents scandales McKinsey et RothschildGate, venant s’ajouter à la mégatonne de casseroles traînées par LREM, ne semblent pas bouleverser outre mesure : depuis le début du quinquennat Macron, les scandales sont si nombreux qu’on finit par avoir l’habitude et ne plus y prêter attention. Comme si c’était une fatalité. Comme s’il était normal pour les riches de planquer leur fric pour échapper aux impôts, Les pandora papers, vous vous souvenez ? Je sais, on a l’impression que c’était il y a mille ans tellement chaque jour apporte son lot de nouvelles insupportables. Rien n’a été fait suite aux révélations de cette hémorragie fiscale. Et pourtant, la guerre en Ukraine a mis en lumière le fait que quand on veut, on peut. Saisir des biens d’oligarques Russes en un temps record ? oui. Faire la même chose chez nos oligarques à nous qui se roulent dans l’évasion fiscale ? Vous n’y pensez pas !

Alors, oui. Une Le Pen ou un Zemmour à la tête de l’état, c’est encore pire : La gestion économique d’un Macron avec, en plus, la xénophobie, la haine de l’islam, le rejet de l’autre porté en valeur de la République, la division des français entre eux.

Seule lueur d’espoir dans cet océan de merde, la dynamique de Mélenchon est bonne. Chaque jour quasiment, il prend un point dans les sondages. L’union populaire s’avère être la troisième force politique du pays, et a une micro chance d’arriver au second tour. Malheureusement, malgré l’urgence, malgré la menace des autres candidats et de ce qu’ils représentent, à gauche, on continue de chipoter. Le programme LFI a beau être excellent, on n’est pas d’accord sur tel positionnement idéologique, on trouve Mélenchon un peu trop complaisant par ci, un peu pas assez par là. Voter utile ? Non, voter par conviction. Je le comprend très bien, seulement, le vote de conviction n’aura qu’un effet : permettre à Roussel, Jadot voire même Hidalgo de voir leurs frais de campagne remboursés, mais absolument aucun changement politique dans le pays. Super.

Je vous en supplie, votez. Convainquez les abstentionnistes autour de vous de voter aussi. Mazette s’arrête, et mon rêve, c’est que cet arrêt soit synchrone avec un véritable renouveau de la politique en France. Un renouveau dans lequel les règles auront changé, dans lequel le peuple a plus de pouvoir et les politiques ont des garde-fous. Dans lequel il ne sera plus possible pour un seul homme de décider de tout, et nous de le regarder faire en comptant les jours qui nous séparent de la prochaine élection. Le monde a profondément changé depuis l’instauration de la Ve République : il nous faut la modifier, pour qu’enfin, on ait notre mot à dire.

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Merci de nous avoir suivi. Merci pour vos abonnements, pour votre confiance, merci de nous avoir permis de pouvoir exprimer nos indignations ces trois dernières années. J’espère qu’on reviendra un de ces jours, et si c’est le cas, on vous en tiendra informés bien entendu. Les archives de Mazette vont rester consultables gratuitement (sauf les BD à suivre, si vous n’avez pas encore lu tous nos albums, c’est le moment !! Je les retirerai à la fin du mois), nos jeux continueront à être jouables, les pages facebook et twitter resteront actives (pour, au moins, partager le travail des dessinateurtrices de presse qui, eux, ne s’arrêtent pas de dessiner !). Les abonnements arrêtés reprendront là où ils en étaient si on relance une nouvelle formule. Mais en attendant, on a besoin de se reposer. Et de voir ce qui va arriver…

Vous pouvez aussi suivre la suite de nos aventures perso via mon blog (https://www.melakarnets.com), ou celui de Reno (alimenté une fois par an, mais quelle note à chaque fois ! http://reno-pixellu.com/blog/), et n’hésitez pas à vous abonner aux réseaux sociaux de nos auteurices !

Tchao !

Mélaka

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Mélaka

Elle a été pendant une vingtaine d’années en binôme avec son père, Carali, à la gestion du magazine de bandes-dessinées « Psikopat ». En parallèle, elle a publié quelques albums de BD, et elle remplit consciencieusement son blog (depuis 2004) avec diverses anecdotes de sa vie sous forme de strips rigolos. En 2019, avec son compagnon Reno, elle crée Mazette. C’est un peu sa cheffe d’orchestre (ou sa dictatrice, c’est selon).