Un peu  de culture #5

la cravate

Titre : La Cravate

Fiche technique : Un film de Mathias Théry & Etienne Chaillou – Avec Bastien Régnier – Sorti en DVD en 2020

Résumé
Quand débute la campagne présidentielle de 2017, un jeune militant du RN est invité par son supérieur à enfiler un costume-cravate et à s’engager davantage…

Pour
Croisement entre Chez nous (film de Lucas Belvaux) et Un Français (film de Diastème), La Cravate a l’authenticité en plus. Car c’est un véritable militant du RN qui est interviewé, scruté dans ses activités et déplacements, accompagné par une voix-off (aux commentaires cinglants). Le film montre une fulgurante ascension : grâce à ses connaissances sur YouTube, le jeune se rapproche de Florian Philippot, alors tout-puissant au parti. Mais confronté aux rapports de force traversant la caste des « élus », il comprend que jamais il n’en fera partie. « Tous des pourris », lâche-t-il, « sauf Marine » pourrait-on ajouter (« Toutes des putes… sauf ma mère ! », ô finesse…), puisqu’il va la soutenir jusqu’au bout de la campagne. Une fois Marine Le Pen battue, le militant rejoint Philippot en échange d’une position éligible inespérée. Tous des pourris, qu’il disait…

Contre
Dès que la caméra s’éloigne des arrière-cuisines du RN, elle nous plonge dans l’intimité du militant. Par moment, cela fonctionne : la caméra capte la main blessée du jeune, signe que, malgré le costume BCBG, il n’a pas renoncé à la violence. D’autres moments sont gênants : quel besoin a-t-on de savoir qu’un poster de Marine Le Pen trône au-dessus de son lit façon pin-up ?! Et l’interview vire parfois à l’interrogatoire, extirpant du militant plus qu’il ne voudrait en dire sur ses traumatismes d’adolescence. Peut-être que le réalisateur voulait jouer les Socrate, celui qui pratiquait la maïeutique, l’art d’accoucher les Idées. Mais le résultat me fait curieusement songer à un épisode de The Osbournes, une émission de téléréalité sur Ozzy Osbourne (chanteur de Black Sabbath) et sa famille dysfonctionnelle : les « personnages » mis à nus sont plus pitoyables que méchants ou effrayants. 

Note : 4/5

britney

Titre : Framing Britney Spears

Fiche technique : Un documentaire de Samantha Stark – Avec Britney, Britney & Britney – Sorti en avril 2021 sur Amazon Prime Video

Résumé
Framing Britney Spears retrace la carrière de la chanteuse pop à travers les scandales, les moments de vie privée médiatisés, le harcèlement des paparazzis et les déboires judiciaires…

Pour
Hé oui, sous le cuir épais, j’ai un cœur de midinette qui ne demande qu’à se trémousser sur Baby One More Time et Oops!… I Did It Again. Hélas, il ne sera pas vraiment question de musique ici, mais d’une success-story suivie par une longue période de pétages de plomb et d’humiliations. J’ai des souvenirs assez aigus de cette époque, et ce qui est arrivé à Britney est vraiment dégueulasse. Pour contextualiser, elle doit sa célébrité à son talent, certes, mais elle savait aussi flatter l’Amérique pro-George W. Bush avec des paroles de chansons qui pouvaient être interprétées comme des ballades adolescentes, et comme des apologies de la foi chrétienne. Problème : Britney, c’était un peu un cerveau d’enfant dans un corps de bombe sexuelle. Les trois quarts des VIP de la télé et de la musique se sont mis à ne parler que de ses nibards et la draguaient lourdement. C’était au premier qui se vanterait dans les médias de lui avoir pris sa virginité… Quand ce fut fait, Britney passa du statut de sainte à celui de salope – l’exploitation de sa rupture par Justin Timberlake est à ce titre révoltant. Elle se retrouva coincée : il ne lui était plus possible de vanter la virginité et les valeurs chrétiennes, si bien qu’elle tenta de prendre la relève de Madonna dans le rôle de « la diva obsédée du cul », mais ça sonnait faux. Ses disques continuent à se vendre (environ 200 millions d’exemplaires depuis 20 ans), mais à l’instar de ce qui est tristement arrivé à Michaël Jackson, c’est dans la rubrique « justice » des tabloïds que son nom fait désormais l’actualité.  

Contre  
Comme cela est bien rapporté dans le docu, Britney est privée de la gestion de son image publique et de sa fortune. L’objectif affiché du réalisateur est de sensibiliser l’opinion publique et, par ricochet, de mettre la pression sur les juges et sa famille afin qu’elle retrouve sa liberté. Le lobbying des fans, vous le devinez, ne m’a pas convaincu. Alors, certes, on la voit beaucoup pleurer au cours de ce docu, ce qui, par rapport à son statut de star quasi divine, est toujours émouvant. Mais cœur de midinette ou non, il faut savoir raison garder ! Elle ne m’a pas paru aller très bien dans sa tête : elle a multiplié les séjours à l’hosto sur demande de ses psys, changé de religion et de compagnons comme de chemises – dont certains étaient tout sauf recommandables. La voir tomber dans les griffes d’une sorte de gourou donne le frisson. Je ne fais que dresser un constat, sans la blâmer : quand on est fragile, on cherche le réconfort, et, plus vous êtes riche, plus les hyènes s’acharnent pour vous dépecer. Sa famille s’est légitiment inquiété pour elle (et pour son compte en banque). Ça ne m’a pas choqué que son père tente de remettre de l’ordre dans sa vie, étant donné le don qu’elle a pour se fourrer dans des situations impossibles, que je traduis par un appel à l’aide. Il serait bon qu’elle conserve une tutelle, mais en passant le relais à quelqu’un d’autre que son père – une personne désintéressée, j’espère.

Note : 1/5

Le Marteau