Retour à l’instinct primaire

Jean-Luc, Anne, Yannick, Arnaud, Fabien, Christiane et deux autres sont dans un bateau prévu pour accueillir trois personnes au grand max. Qui tombe à l’eau ? Tous ! Même la tête sous l’eau, ils palabrent encore. Magique : la gauche est si faible qu’elle n’a pas besoin de la droite pour se saborder.

Pourquoi les leaders de gauche palabrent-ils autant ? Parce qu’aucun n’est en capacité d’accéder au second tour. Alors chacun appelle à « l’unité »… derrière soi. Comment éviter le naufrage ? Eh oui, la primaire LR a calmé 4 ambitieux sur 5 à droite. Pécresse, qui était au fond du panier avant la primaire, a bondi dans les intentions de vote. 

Quant aux candidats de gauche, ils avaient jusqu’au 30 novembre pour officialiser leur participation à la Primaire populaire. Les organisateurs avaient beau coucher devant les QG de campagne, Anne, Yannick et Jean-Luc leur passaient devant avec mépris. Ce dernier a même déclaré : « J’ai devant mon local quatre jeunes gens qui se gèlent les fesses du matin au soir, avec une pancarte : « Si nous ne sommes pas unis, vous allez faire élire Zemmour ». Et juste derrière eux, il y a six SDF, on finirait par croire je sais pas quoi ! » (12 décembre). Pour un peu, les mecs de la primaire faisaient tellement pitié que Jean-Luc leur donnait une p’tite pièce…

Peu avant, le 8 décembre, Sainte Anne et Saint Arnaud ont vu la lumière : ils se sont convertis à la primaire. Forcément, ils faisaient partis des moins bien placés dans les sondages. Les dominés prennent enfin acte de l’échec d’une gauche divisée au premier tour. Les dominants eux sont dans le déni.

NOBLET 88 décembre

Et les électeurs dans tout ça ? Ils gueulent contre les dominants : les sympathisants de gauche à vouloir la primaire sont passés de 66% le 22 octobre à 73% le 8 décembre. Le total de ceux qui veulent participer à la primaire a bondi à de 250.000 début décembre à 300.000 à la fin du mois. Galvanisés, les organisateurs de la primaire ont repoussé les délais en espérant arriver à convaincre les dominants d’y participer.

Pour y échapper, Jean-Luc tient un double discours : il met en avant son programme mûrement réfléchi et incompatible avec les autres partis. Mais lorsque des journalistes lui font remarquer que les mesures phares du PC sont différentes sur la sécurité ou le nucléaire, Jean-Luc se dit prêt à les appliquer pourvu que Fabien le rejoigne avant le premier tour ! Si Fabien craque et se rallie à Jean-Luc, c’est foutu pour la primaire. Si Yannick part en solo, c’est foutu aussi.

Mais imaginons que Saint Fabien et Saint Yannick reconnaissent leur faiblesse et se convertissent à la primaire, nous aurions un scénario idéal. Le gagnant de la primaire rassemblait toute la gauche hors LFI, et Jean-Luc se retrouverait en situation d’infériorité. Comme il ne comprend que le rapport de force, il y a une chance pour que Jean-Luc retrouve sa lucidité et accepte de concourir à la primaire ! D’ailleurs, si vraiment Jean-Luc était le champion de la gauche comme il le prétend, il devrait écraser sans problème ses concurrents à la primaire. Pourquoi avoir peur d’y participer, dès lors qu’une victoire pourrait rassembler les voix et faire décoller sa campagne ?

Le Marteau

Narration : Félix Lobo