Pandémies : couvrez cet élevage industriel que je ne saurais voir

La plupart des maladies humaines proviennent des animaux d’élevage (les humains préhistoriques ne subissaient par exemple ni grippe, ni rougeole). Les élevages industriels concentrationnaires aggravent et accélèrent le phénomène, et il n’est pas surprenant que l’hypothèse la plus sérieuse sur l’origine du Covid cible désormais les méga-élevages de visons.

Prenez des animaux connus pour transmettre des maladies vers les humains, comme les volailles (grippes), les mustélidés (coronavirus respiratoires) ou les porcs (hôte intermédiaire proche des humains). Bon, tant qu’ils sont dispersés et libres de leurs mouvements, ce n’est pas drôle, alors regroupez-les dans un même bâtiment, avec une énorme densité. Ah, ça commence à prendre forme. Promiscuité implique maladies bactériennes, donc traitements préventifs constants par des antibiotiques : bravo, vous avez créé une source intense de bactéries résistantes aux médicaments. Mieux encore, promiscuité implique également recombinaisons accrues entre les virus, et donc apparition accélérée de virus mutants. Une jolie bombe sanitaire à retardement.

jacquou

Mais ce ne serait pas drôle d’en rester là. Touillons un peu plus. Les volailles hébergent des virus grippaux, mais ces derniers sont généralement peu transmissibles aux humains. Les porcs ont des systèmes immunitaires assez proches des nôtres et nous transmettent plus facilement leurs souches virales – et ils attrapent facilement celles des volailles. Ah voilà, il suffit donc d’avoir des élevages industriels de volailles qui vont produire régulièrement de nouvelles grippes, et des élevages industriels de porcs qui vont attraper les grippes aviaires, les faire muter vers une forme compatible avec les humains, puis nous les transmettre. Banco ! Cerise sur le gâteau, comme ces élevages sont ultra-standardisés, avec des races uniformes et dégénérées, dès qu’un virus s’y propage il bénéficie d’une « matière première » homogène, ce qui favorise les mutations les plus virulentes.

Comme par hasard, la Chine est le premier producteur mondial de fourrure, avec d’immenses élevages abominables de visons (et de chiens viverrins). Les chauve-souris, hôte de la souche originelle et inoffensive du Covid, nichent souvent dans les hangars à visons et laissent tomber leurs déjections. Plusieurs chercheurs et journalistes (dont Y. Sciama et Y. Faure dans la revue Reporterre) ont montré que le meilleur modèle de reconstitution de la lignée humaine du Covid colle parfaitement avec les souches trouvées chez le vison, et que les premiers foyers de Covid en Chine puis en Europe (Italie du Nord) coïncident avec des régions d’élevage de vison. Comment être surpris ? Si vous avez rigolé du pauvre pangolin, dont il est maintenant démontré qu’il n’a strictement rien à voir avec la pandémie de Covid, vous êtes tombé dans le piège médiatique conçu par les autorités chinoises pour protéger son industrie de la fourrure. J’en vois qui vont m’accuser d’être effrayant. Beh non, en fait. Une fois identifié, voilà un problème sanitaire très facile à résoudre. Qu’est-ce qui nous empêche d’interdire les élevages industriels ? Les ruminants pâtureront les prairies riches en biodiversité, les porcs et les volailles se limiteront à de petits effectifs nourris par nos déchets, on arrêtera de tuer des animaux pour leurs fourrures… Le déni actuel des gouvernements, qui préfèrent cacher cette bombe à retardement, est criminel. Mais une fois que l’on dévoile la réalité, elle est tellement simple à régler !

Jacquou le Croquant

Narration : Mélaka