Les éditocrates, des êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : s’y établir et en faire leur univers. David Vincent les a vus. Hélas, il n’est pas le seul ! Allumez la télévision ou la radio, vous n’y échapperez pas…
Les grincheux qui distribuent les bons et mauvais points au gouvernement depuis un plateau télé ne datent pas d’hier. L’audace, c’est que les éditocrates déclamant « y a qu’à / faut qu’on » à tout bout de champ sont remplacés par des êtres encore plus vils : les anciens politiques eux-mêmes ! Virés du gouvernement, battus aux élections ou mis au ban de leur parti, les voilà confortablement assis dans le fauteuil de spectateurs de la vie politique.
Ce phénomène est accentué par la concurrence des chaînes d’info en continu (quatre sur la TNT) : toutes cherchent des têtes connues plutôt que d’obscurs sorbonnards pour rendre lisible l’actu. La pionnière à ce petit jeu du « pantouflage » fut Roselyne Bachelot, ancienne ministre sous Sarkozy, qui débarqua sur la huitième chaîne. Revenons sur l’une de ses déclarations de 2017 : « Si l’on considère ce métier comme une sorte de sas qui vous permet d’attendre au chaud avant de revenir en politique, on est condamné à l’échec. Le passage de la politique aux médias est un voyage sans retour. On franchit le Rubicon et on ne se retourne pas. ». Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est d’être appelée au secours par Macron pour rejoindre le gouvernement en pleine pandémie ! Quasiment la veille de sa nomination, elle racontait encore des blagues de cul dans l’émission Les Grosses Têtes sur RTL.
Depuis, c’est une invasion. Henri Guaino à Sud Radio, Luc Ferry sur LCI, Jean Messiah sur CNews, Robert Ménard sur LCI pour la droite. Aurélie Filippetti sur RTL, Julien Dray sur CNews, Daniel Cohn-Bendit sur LCI, Raquel Garrido sur C8 pour la gauche. Le pire étant bien sûr les anciens premiers ministres Jean-Pierre Raffarin sur France 2 et Manuel Valls sur BFM. Ne manquerait plus que François Hollande dans Belle toute nue ! Non seulement leurs émoluments sont indécents (20.000 par mois pour Bachelot sur C8), mais savoir qu’ils pérorent sur l’état de la société alors qu’ils en sont pour partie responsables est franchement révoltant. À chaque fois que je tombe sur leurs tronches d’empaffés, l’envie me prend d’attacher mon écran plat à un arbre et de l’abandonner.
C’est pas fini : il y a les journalistes dotés d’un ego démesuré qui font le trajet inverse. Audrey Pulvar rejoint le PS et Philippe Ballard le RN pour les régionales, Bruno Roger-Petit pointe chez LaREM, Éric Zemmour boulotte l’électorat de Marine Le Pen et se prépare pour la présidentielle. Manque plus que Francis Lalanne en porte-parole des Gilets jaunes. Comment ? C’est déjà le cas ? Ha, bah, on est pas dans la merde…
Le Marteau
