L’Union européenne est-elle  démocratique ?

Dans le numéro 20 de Mazette, je signais l’acte de décès de la gauche en Europe. Pour l’opinion publique, « on a tout essayé et rien ne change ». Les politiciens piétinent leurs promesses, puis sont victimes de « dégagisme » la fois suivante. Et si, au fond, les Sarkozy, Hollande et Macron n’étaient que des cibles artificielles ? Si nous tapions comme des sourds sur des piñatas (vides) simplement parce qu’elles se trouvent à portée de nos coups ? La vérité est ailleurs, un peu plus haut dans le ciel, comme le dit Mulder…

Pas le club Bilderberg, ouvert aux quatre vents du complotisme. Un peu moins haut se trouve des instances non élues mais dont le poids politique, juridique et économique est bien réel. Je parle du triptyque Commission européenne (CE), de la Cours de justice de l’Union européenne (CJUE) et de la Banque centrale européenne (BCE). Ces technostructures décident pour nous, mais sont hors de portée de la sanction des urnes. Certes, nous votons pour les députés au Parlement européen, mais comme par hasard, cette instance n’a pratiquement aucun pouvoir !

Jamais nous n’aurions cru que l’Union européenne puisse se transformer en piège anti-démocratique. Pourtant, faut-il rappeler le projet de traité constitutionnel européen, refusé par referendum en France en 2005, mais appliqué de force ?

UE 2

Faut-il rappeler François Hollande en campagne, qui devait mettre à genou son ennemi, « le monde de la finance », et qui avait déclaré : « Je renégocierai le traité de discipline budgétaire non pas seulement pour la France, mais pour l’Europe tout entière ». Une fois élu en 2012, on connait la suite : l’Allemagne, via l’Union européenne, lui répondit « nein ! », le forçant à renier ses promesses.

Faut-il rappeler la crise grecque ? Le 31 octobre 2011, le Premier ministre Papandreou avait annoncé qu’il soumettrait « l’accord de Bruxelles sur la question de la dette grecque » à un référendum. Le 4 novembre 2011, Papandreou annula le référendum. Pourquoi ce volte-face ? Parce que la BCE a menacé de suspendre le versement des aides financières si le referendum avait lieu ! Lorsqu’Alexis Tsipras arriva au pouvoir en janvier 2015, il chercha à sortir des dogmes budgétaires européens en sa défaveur. La réponse ne se fit pas attendre : la BCE paralysa le système bancaire grec. Tsipras annonça lui aussi un référendum – alors qu’il venait d’être légitimement élu sur un programme de gauche radicale ! Le résultat du 5 juillet 2015 conforta la position anti-austérité de Tsipras. Et… la BCE accentua la pression sur les banques grecques, obligeant Tsipras a se désavouer. Il finit par accepter les mesures d’austérité contre la volonté de son peuple et perdit toute crédibilité.

En somme, l’Union européenne a été dévoyée par les élites pour servir les intérêts des gagnants de la globalisation économique, le peuple étant sommé de trimer et se taire.

Le Marteau

Narration : Félix Lobo