Les indices pensables

Depuis le début de cette épidémie, on voit à la télé s’enchaîner tout un tas d’enquêtes. Elles nous montrent, au cas ou nous l’ignorerions, dans quel monde nous vivons.

Autrefois, une enquête, était une recherche, désordonnée en apparence, d’indices disparates, qui à la toute fin s’enchevêtraient dans une construction aussi logique qu’improbable. Ça restait ancré dans la réalité, mais fallait suivre !… Aujourd’hui, les Sherlock Holmes et autres Rouletabille sont allés se rhabiller, et l’enquête, devenue journalisme d’investigation, a fait de l’imagination et de l’invention, voire du fantasme, son fer de lance. La réalité importe moins que l’effet produit.

Souvenez vous, lors du premier confinement, de ce sujet récurrent : l’isolement des résidents des EHPAD. D’un poignant, tous ces pauvres vieillards contraints à l’ennui et à l’enfermement… Avant l’épidémie, d’autres enquêtes faites dans ces mêmes EHPAD, louaient le bonheur et la joie d’y finir sa vie. Ce qui a changé depuis ? Juste le commentaire !… Parce qu’à l’écran ce sont les mêmes regards tristes… Sauf les masques chirurgicaux, qui désormais cachent le si peu de sourires, rien de nouveau pour nos vieux.

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Autre sujet récurrent : ce qui nous manque. Alors que la liste des commerces devant fermer leurs portes au public s’est allégée aussi vite que les bilans sanitaires ne s’alourdissaient, nos investigateurs s’ingéniaient à débusquer le petit détail. Qui manque de quoi ? Une litanie de produits et services catégorisés comme non essentiels par les autorités mais jugés hautement indispensables par le peuple tout entier !… Tout entier ? Là, on aimerait pouvoir rire… Quand la France entière semble prendre la défense de la culture, de la gastronomie, des terrasses en villes, alors que jusque là, même portes grandes ouvertes la plus grande partie en était presque tout autant exclue.

Le pompon, c’est les fêtes clandestines. Premier cas d’école, des jeunes « teuffeurs » aussi écervelés qu’égoïstes. Là, y a rien d’autre à faire que de leur cracher notre mépris… Surtout qu’il s’avérerait que certains d’entre eux feraient ça pour de l’argent !… Rendez-vous compte !

Second cas, l’élite qui ferait fi d’une discipline à laquelle le bon peuple se plierait sans broncher… Holala, le beau scandale !… Magistrats, flics, des ministres mêmes… Peut-être… Et des « pipeules » ! Ha ça, c’est du pain béni. Parce que eux, ce qu’il leur manque vraiment, mais c’est leur raison d’être, c’est de se montrer. C’est qu’on parle d’eux. Manque de bol, dans un restaurant clandestin, ils sont les seuls spectateurs d’eux-mêmes. Alors quand l’occasion de la ramener se présente, le « pipeule », il fonce, raconte, exagère, quitte à se rétracter, plus tard, quand ça sent mauvais.

L’homme de la rue, lui, s’il offusque du relâchement des autres,  ne s’affranchit des règles que pour de légitimes raisons. Mais, habitué à se faire discret face à la maréchaussée, il fait bien attention à ne pas laisser trop d’indices derrière lui… Du moins il y pense…

Pathros

Narration : Mélaka