Selon la religion, Dieu nous surveillait. Il lisait nos pensées. Il était impossible de tromper Dieu. Nous n’avions d’autre solution que d’être honnêtes et purs.
Cette surveillance divine était intérieure. L’Être suprême se logeait dans notre conscience. Nous le transportions avec nous.
Nous sommes maintenant sous le regard des caméras de surveillance. Contrairement à Dieu, ces machines sont extérieures. Cependant, elles sont miniaturisées et invisibles. Nous ignorons également qui se trouve derrière. Cette surveillance devient alors un principe. Nous en connaissons l’existence sans pouvoir l’appréhender. Ainsi, nous l’intériorisons. Elle finit ainsi par se substituer à l’ancien sentiment de surveillance divine.
Imaginons maintenant l’étape suivante. Lorsque le transhumanisme insérera dans notre cerveau des puces informatiques pour augmenter nos performances cérébrales, il ouvrira la voie à la surveillance intérieure. Les analyses IRM automatiques de l’activité électrique du cerveau permettront de lire nos pensées. Il sera impossible de tromper l’administration. Nous n’aurons d’autre solution que d’être honnêtes et purs.
La vision religieuse s’éclaire maintenant. Elle interprétait Dieu comme une machine. Les tentacules du Créateur étaient infinies. Elles dirigeaient les informations vers une conscience centralisée.
Mais autrefois Dieu n’était pas seul. Il subissait la concurrence du diable. Satan pénétrait lui aussi les consciences par l’intermédiaire des rêves lubriques, détournant le dévot de son chemin spirituel pour le diriger vers les coupables jouissances.
De la même façon, le cerveau humain contrôlé à distance par le gouvernement subira les effets des piratages. Manipulé par des hackers, il sera détourné de sa voie citoyenne pour servir les intérêts de puissances rivales.
Lorsqu’un prêtre regarde une femme, qui doit-on accuser ? Le prêtre ou Satan qui l’a inspiré ? Lorsqu’un homme augmenté agira pour le compte d’un pays étranger, qui accusera-t-on ? Lui-même ou le pirate qui l’aura manipulé à distance ?
Le conflit entre Dieu et Satan aurait pu s’exercer dans les Cieux, en dehors de la conscience humaine. Mais non, il s’activait à l’intérieur de nous-mêmes. Les confrontations entre l’État et le grand banditisme se réalisent encore pour le moment à l’extérieur de notre tête. Mais pour combien de temps ?
Si la France et les rebelles d’un État voyou se battent sur le terrain de nos puces électroniques internes, y aura-t-il encore une place pour l’ancien combat entre les forces du Bien et les forces du Mal dans notre conscience ?
Jean-Luc Coudray
