L’échec annoncé  des milliardaires

Parmi ceux qui croient que la « fin du monde » est pour bientôt, il existe une catégorie de personnes qui préparent « l’après-catastrophe ». On les appelle les survivalistes.

Parmi les survivalistes, il y a celles et ceux qui apprennent à vivre dans les bois, à creuser un puits, tricoter des vêtements, faire pousser des légumes, soigner des blessures, manger des insectes etc. Et puis, il y a les milliardaires. Leur idée est de fuir les crises sociales et écologiques, d’attendre la mort des millions de gueux que nous sommes, et de préparer leur survie, de sorte qu’ils ne perdent rien de la qualité de leur vie actuelle dans le « monde d’après ».

Ces milliardaires aiment particulièrement l’idée de se construire des abris antiatomiques souterrains, de préférence dans des îles désertes, souvent proches de la Nouvelle Zélande, isolée et peu polluée. Ils pensent avoir tout prévu, et que la technologie les sauvera : autonomie alimentaire, énergétique et médicale, évacuation des déchets, protection contre les attaques extérieures etc. Certains de ces bunkers sont déjà proposés à l’achat, les plus luxueux, pour 300 personnes et même équipés d’un cinéma, coûtent  la bagatelle de 10 millions d’euros.

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Pourtant, la domination qu’exerce aujourd’hui cette poignée de milliardaires sur des millions d’individus me paraît difficile à maintenir à une si petite échelle, et j’ai bon espoir que ça ne se passe pas comme prévu. En effet, pour maintenir leur niveau de vie, il leur faut du petit personnel qu’ils enlèveront et emporteront avec eux. Des hommes et des femmes qui assureront les tâches ménagères, ouvrières, policières, qui devront être nourris et, à plus long terme, qui feront des enfants.

En l’absence d’un rapport de forces et de menaces crédibles, qu’est-ce qui empêcherait ce petit personnel de se révolter et de refuser de servir ? Si une police locale est armée pour défendre le bunker, qu’est-ce qui garantirait qu’elle ne se retourne pas contre ses patrons ? Dans ce retour aux lois de la jungle, la taille du portefeuille n’est pas un argument très convaincant. Peut-être découvriront-ils que leur force n’est pas non plus suffisante pour garantir leur survie ?

Dans le meilleur des cas, les survivants apprendront peut-être, enfin, qu’il n’y a que la solidarité qui pourrait les maintenir en vie. Peut-être alors qu’ils se diront que s’ils avaient appris cette leçon plus tôt, nous n’en serions pas arrivés là…

Dror

Narration : Félix Lobo