Le travail fantôme

L’expression « travail fantôme » a été inventée par Ivan Illich en 1980. Elle désigne toutes les tâches non rémunérées mais indispensables au fonctionnement de l’économie.

Ces labeurs « non rétribués, non reconnus, non avoués » concernaient, il y a quarante ans, l’activité silencieuse de la ménagère, l’effort harassant de l’étudiant préparant – pour échouer – un concours, le salarié perdant son temps dans les embouteillages. À ces travaux gratuits s’ajoutent maintenant le travail de caissier laissé au client devant les caisses automatiques, le self-service aux pompes à essence, les auto-enregistrements aux aéroports, l’achat et l’impression de ses billets de train chez soi, le retrait d’argent aux distributeurs, toutes les tâches sur ordinateur où le citoyen fait lui-même le travail de l’administration, la recherche d’emploi du chômeur, l’entraînement du sportif qui n’atteindra pas les premières places, le démarchage des commerçants qui échouera,  etc.

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L’ordinateur, désormais indispensable pour vivre, entraîne une série de tâches qui lui sont propres : apprendre à l’utiliser, contourner les bugs, installer les pilotes d’impression.

Il existe plus de 12,5 millions de bénévoles en France, à comparer aux 29,2 millions de travailleurs. Par définition, un bénévole est toujours particulièrement utile, alors que beaucoup de travailleurs ne sont que des parasites (publicitaires, militaires, administrateurs, etc.). Nous pouvons déjà estimer que les bénévoles soutiennent certainement autant de travail utile que les personnes rémunérées.

Le travail fantôme qui se répand de plus en plus s’ajoute au travail bénévole non considéré.

Si nous prenons en compte le travail réalisé par les machines, également non rétribué, nous pouvons nous demander s’il existe réellement un lien entre la rémunération et le travail.

Le capitalisme se fonde sur le bénévolat, le travail fantôme, l’automatisation, l’intelligence artificielle, bien plus que sur le travail rémunéré. En bref, il ne paye pas.

Ne payant pas, il manque de cotisations pour les retraites. Il veut donc allonger la durée du travail. Cela raréfiera encore les emplois, baissera les salaires et les cotisations à long terme.

La solution ? partager le travail en réduisant le nombre d’heures par semaine. Ainsi, on supprime les chômeurs, donc on raréfie le travailleur, ce qui augmentera les salaires.

Conclusion, il faut travailler moins pour gagner plus.

Jean-Luc Coudray

Narration : Mélaka – musique : Poko