Voir la droite se saborder a quelque chose de reposant. Les lieutenants de Pécresse, Le Pen et Zemmour se plantent des couteaux dans le dos, c’est trahison sur trahison, on dirait un épisode d’Homeland ! Mais à « la droite la plus bête du monde » répond « la gauche la plus minable du monde », avec des partis qui s’étripent avec autant de détermination que la droite – mais pas pour accéder au second tour, non – juste pour se faire rembourser les frais de campagne.
Exception faite de Mélenchon, qui, arguant le fait d’être placé autour de 10% dans les sondages, plaide pour le vote utile à gauche dans la dernière ligne droite de la présidentielle. Problème : la marche pour le second tour est encore haute. Et comment rassembler alors que le PS, le PC, les Verts et le fan club de Taubira se sont déjà entretués ? Y a-t-il même quelque chose à rassembler, alors que les intentions de votes pour ces partis sont au plus bas ? Il est bien tard, le salut pourrait plutôt venir des votes arrachés à la masse de l’abstention (« abstentionniste, quand vas-tu perdre ton sang-froid ? » Mazette#24).
La droite neutralisée, la gauche en PLS, qui profite du crime ? Macron, qui survole l’élection avec des sondages le plaçant au-dessus de 20%, a beau jeu de se présenter en candidat du vote utile pour battre la droite nationaliste. Seulement, comme l’a fait remarquer notre divine rédac chef (édito « Lepénisme » Mazette#19), ce vote d’élimination du pire n’a jamais constitué un projet. La pilule pour nous faire gober « la fête à la maison » pour les riches et l’austérité pour le reste est un peu grosse.
Cela dit, les gens de gauche sont nombreux à avaler cette pilule. Le sondage Ifop « Pour qui va voter l’électorat de gauche de 2012 ? » indique que 40% des électeurs qui ont porté Hollande au pouvoir affirment vouloir voter Macron en 2022. Eh oui, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire applique une politique antisociale, et « en même temps » la cruche Marlène Schiappa chargée de « la Citoyenneté » rattrape par la manche les électeurs de gauche.
L’étiquette de « président des riches » étant solidement collée, LaREM assume partir à « la chasse aux élus de gauche » afin d’envoyer un signal rassurant aux électeurs. Et d’anciens socialistes franchissent le pas, en dresser ici la liste complète serait soporifique. Plus étonnant, j’ai levé un sourcil lorsque, le 15 janvier 2022, Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste à Charlie Hebdo, a fait selon ses dires « son coming out macroniste ». Ici, il ne s’agit pas de symbiose idéologique comme avec les élus PS, mais d’une personnalité de la gauche radicale attirée par la perspective de la victoire. Mais les « prises de guerre » imposent toujours des conditions à leur soutien. La question est : un ralliement à Macron pour quelle contrepartie ?
Le Marteau
