La pub, responsable  des platistes

Il y aurait 16 % de platistes aux États-Unis.

J’affirme qu’un fait aussi incroyable est la conséquence de la propagande publicitaire.

En effet, la publicité flatte notre besoin de nous distinguer. Les vêtements que nous choisissons ou les objets que nous achetons nous permettraient de nous démarquer du troupeau. Sauf que cette démarcation se fonde sur l’appartenance à une sous-communauté. Cela peut être celle des surfeurs, des rappeurs, des bobos, des écolos, peu importe, du moment que ce sous-groupe se détache de la collectivité globale.

Ainsi, la publicité nous convie à nous particulariser en nous conformant.

Mais la publicité convainc moins aujourd’hui parce qu’elle est au service d’une vision du progrès à laquelle plus personne ne croit.

En conséquence, adopter une idée folle, comme la platitude de la Terre, paraît une solution plus excitante pour se démarquer.

Celui qui dénonce le discours dominant qui soutient la rotondité de notre planète se positionne ainsi comme critique. Il prétend avoir dépassé la soumission aveugle au discours de la science.

Ne croyant plus au progrès, le platiste rejette les vérités établies qui accompagnent la croyance à la modernité.

Car le platiste ne recherche pas la vérité. Sinon, il consacrerait de longues heures à des enquêtes. Au lieu de cela, il se contente d’adhérer aux vidéos qui le séduisent. Ce qui le motive, c’est la valorisation personnelle, dans le droit fil de la personnalité narcissique que lui a vendu la publicité. Glorifiant son seul individu, il n’accepte de communauté que celle, réduite, des platistes. Il refuse le collectif en général, porteur du discours scientifique.

La valeur de l’esprit critique du platiste ne se mesure pas à la qualité de ses arguments mais à la simple existence d’un groupe organisé. Car ce qui assure la vérité d’un discours, c’est bien qu’il soit relayé par une quantité minimale d’individus.

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Une preuve scientifique, établie dans la solitude d’un laboratoire, ne convaincra que des savants. Le public n’a ni la formation ni la possibilité de pénétrer les lieux d’expérimentation. Si la science est ordinairement acceptée, c’est en raison d’une croyance commune. En vérité, nous adhérons à la science parce que les avions volent.

Mais si la technique cesse d’assurer un présent confortable et une sécurité pour l’avenir, c’est que son discours est moins vrai qu’il n’y parait.

Personnellement, je crois encore que la Terre est ronde. Vu les lendemains qu’on nous prépare, je me demande vraiment pourquoi.

Jean-Luc Coudray

Narration : Mélaka – musique : Poko