La Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) dresse le constat le 4 mai 2021 d’une droitisation du continent européen au moment où les sondages annoncent que la gauche française, même unie – ce qui est loin d’être le cas – est incapable d’atteindre le second tour de l’élection présidentielle.
Le basculement à droite s’est opéré dans chaque pays étudié par la Fondapol : 44% des Italiens se situent à droite (31% à gauche), 40% des Britanniques (25% à gauche), 38% des Français (24% à gauche) et 36% des Allemands (26% à gauche). En cinq ans, la proportion de Français se situant à droite de l’échiquier politique « s’est accrue de manière continue, passant de 33 % en 2017 à 38 % en 2021. De puissants courants de droitisation sont à l’œuvre en France », précise l’enquête.
Chez nous, cette droitisation s’est traduite en passant de la gauche couille molle de Hollande au capitalisme financier de Macron, avec en arrière-fond un RN qui, plus que jamais, pète le feu. En termes de propagande électorale, les chaînes macronistes BFM et LCI, qui penchent donc sérieusement à droite, ont été battues par CNews le lundi 3 mai 2021 avec une part d’audience sur la journée de 2,7 %. Le Monde précise que Zemmour et Pascal Praud dépassent quotidiennement les autres chaines d’info sur le créneau du soir : « la star Zemmour attire chaque soir environ 900.000 téléspectateurs et permet à la chaîne de griller la politesse à BFM de 17 heures à 23 heures ».
Par curiosité, j’ai regardé le plateau de « L’heure des pros » du fameux 3 mai 2021. Pascal Praud était aux côtés d’Élisabeth Lévy, la patronne du magazine Causeur, qui sert la soupe au RN + Jean Messiha, ancien du Bureau national du RN + Gilbert Collard, député RN + Jacques Séguéla, publicitaire mitterrandien devenu sarkoziste puis macroniste + Michel Maffesoli, sociologue venu vendre son dernier bouquin. Pour la faire courte : « c’était mieux avant l’immigration de masse. ». Je me suis également attardé sur les pubs diffusées avant et après pour voir qui est le public ciblé. He bien, entre les canapés à 4.000 balles et les bagnoles de luxe, ce n’est ni le prolo de base ni la « ménagère de moins de cinquante ans ». CNews s’adresse donc aux pré-retraités avec un portefeuille bien garni, mais apeurés par « les jeunes » qui dealent du cannabis au lieu de cotiser pour les retraites. Sans surprise, les pré-retraités et les vieux sont les catégories d’électeurs qui votent le plus, et qui savent parfaitement défendre leurs intérêts.
Et la gauche dans tout ça ? Vous vous souvenez des formidables espoirs soulevés après la crise financière de 2008, avec le surgissement de Syriza en Grèce, du Mouvement cinq étoiles en Italie, de Podemos en Espagne ? Chez nous, il y a eu le phénomène éditorial « Indignez-vous » de Stéphane Hessel et le mouvement « Nuit debout », dont la traduction politique a été un Mélenchon au sommet avec 20% des voix en 2017.
Qu’en reste-t-il ? Que dalle !
Syriza a été vaincu aux élections européennes, régionales, et législatives par la droite. Le chef de Syriza et Premier ministre Alexis Tsipras s’est retiré du pouvoir en juillet 2019.
Pour se maintenir au pouvoir, les membres du Mouvement 5 Étoiles ont pactisé avec leur pire ennemi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le 13 février 2021. Avec en prime dans le nouveau gouvernement des représentants de la « Ligue » d’extrême droite de Matteo Salvini…
Après le triomphe de la droite aux élections régionales à Madrid, Pablo Iglesias, chef de Podemos, a annoncé qu’il quittait la vie politique le 4 mai 2021. Quant à Mélenchon, il partira en retraite en 2022 après avoir lui aussi envoyé la gauche dans le mur (à suivre au prochain numéro).
Le Marteau
