La liberté est une notion occidentale. Avant son contact avec l’Occident, les chinois ne possédaient pas le mot liberté dans leur vocabulaire.
Les philosophes occidentaux se sont néanmoins cassés les dents sur ce concept. Personne n’arrive à définir ce qu’est la liberté. En revanche, la Justice se fonde sur la privation de liberté. Le prisonnier entre ses quatre murs ressent ce qui lui manque.
La notion de liberté que nous avons tous se fonde sur la sensation du prisonnier. Nous nous sentons privés de liberté chaque fois que nous subissons un empêchement. C’est ainsi que les obligations ou les interdictions sont vécus comme liberticides.
Imaginons-nous maintenant dans un désert. Debout sur un sol uniformément plat, nous avons la liberté de nous diriger dans n’importe quelle direction, sans qu’aucun obstacle ne nous entrave. Mais pourquoi choisir d’aller vers l’Est plutôt que vers l’Ouest, puisque tout est équivalent ? Cette équivalence nous prive de liberté. Par ailleurs, si le désert est occupé par des murs et que nous sommes enfermés, nous ne serons pas libres non plus. En revanche, si ces murs sont creusés de portes, nous pourrons choisir si nous occupons telle pièce, tel salon, tel couloir, telle chambre. Nous exercerons alors notre liberté.
Ainsi, la liberté n’existe pas sans contraintes. Mais il n’en faut pas trop non plus.
D’où nous voyons que la liberté n’est pas un absolu mais un équilibre, ce qui la rend impossible à définir.
La liberté consiste ainsi à pouvoir choisir entre différentes contraintes, c’est-à-dire entre différentes atteintes à la liberté. Le choix va faire appel à l’intelligence, au service du désir. Cette intelligence va nous convaincre que notre choix est le meilleur. Cette conviction entraînera un accord de notre conscience. C’est cet accord intime que nous ressentirons comme liberté.
Or, qu’est-ce que l’intelligence ? C’est la capacité de faire des liens. Autrement dit, d’avoir une vision globale. Qu’est-ce que cela entraîne ? Que, plus nous sommes intelligents, plus nous disposons de solutions pour trouver des choix en accord avec nous-mêmes. L’intelligence rend donc libre.
Si nous sommes bêtes, nous vivrons certaines contraintes comme atteintes à notre liberté. Pour le crétin, tout est liberticide.
En revanche, la compréhension permet de repérer ce qui est réellement liberticide. Car toute contrainte n’est pas légitime, loin de là.
Maintenant, quelles sont les contraintes illégitimes ? Je laisse au lecteur la liberté d’en décider.
Jean-Luc Coudray
