La chanson politique  du mois

Pour cette dernière chanson de l’année, on va encore parler de Palestine, avec le rappeur Daboor. Peut-être qu’un jour les Palestiniennes et les Palestiniens feront de la musique sans faire de politique, mais aujourd’hui, c‘est encore très difficile…

Au départ pourtant, c’est l’intention des rappeurs Al Nather et Shabjdeed lorsqu’ils fondent le label BLTNM en 2016. Le premier s’était notamment fait connaître par la qualité de ses instrumentaux mélangeant jazz et musique expérimentale. Mais l’actualité les a rattrapés avec l’arrivée du rappeur Daboor et ses morceaux politisés, qui ont constitué la bande son des événements tragiques d’avril et mai 2021.

Tout a commencé à Jérusalem, lorsque de jeunes israéliens d’extrême droite ont envahi les quartiers arabes de la ville, blessant des centaines de Palestiniens. En même temps, et malgré la condamnation de l’ONU, plusieurs familles palestiniennes étaient menacées d’expulsion de leurs maisons du quartier de Cheikh Jarrah, alors qu’elles y vivent depuis des générations. En mai, la tension monte d’un cran, lorsque l’armée israélienne envahit l’esplanade des mosquées, avec gaz lacrymogène, grenades et balles en caoutchouc, faisant encore plusieurs centaines de blessés.

Daboor est justement de Jérusalem, et sa chanson Inn Ann (Il est temps) sort à ce moment là, en duo avec Shabjdeed, qui lui est de Ramallah. Ce morceau répond donc à l’appel à l’union des Palestiniens de toute la région pour dénoncer ces nouvelles agressions, et connaîtra un grand succès. Daboor sort ensuite deux autres titres dont l’un, simplement appelé Daboor, critique la normalisation des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et Israël, et leur totale absence de solidarité avec les Palestiniens.

C’est le moment où les autorités de Gaza décident d’exprimer leur solidarité avec Jérusalem. Commence alors l’habituel échange de bombardements totalement asymétriques, où 15 personnes seront tuées en Israël et 350 dans la bande de Gaza, dans un affrontement qui, cette fois-ci, ne durera que 11 jours.

Daboor sort alors son quatrième morceau en un mois, intitulé Cheikh Jarrah, du nom de ce quartier palestinien occupé de Jérusalem-Est, comme pour revenir à la genèse de ce conflit, au nettoyage ethnique en cours, et en solidarité avec ceux qui défendent les maisons des familles palestiniennes.

Encore une fois, des chansons peuvent être de véritables chroniques de l’actualité, mais aussi des colères et des aspirations populaires…

Dror