Il n’y a pas  de sociologie  de  droite

Comment ça se fait qu’il n’y a pas de bonne sociologie de droite ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de bonne science sous contrainte. Beaucoup de gouvernements s’y sont essayés, mais leurs tentatives se sont toujours retournées contre eux…

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La sociologie étudie les rapports entre humains, qui sont souvent régis par la domination de certains groupes sur d’autres. Le constater revient souvent à le critiquer : de quel droit tel groupe domine tel autre ? Que fait l’État pour empêcher ça ? La sociologie alimente donc un regard critique sur la situation qu’elle étudie, et sur celles et ceux qui en profitent, en particulier ceux qui sont au pouvoir.

De tous temps, les gouvernements ont donc essayé de contrôler la sociologie, d’abord en l’affaiblissant, notamment en lui coupant les vivres, puis en essayant de placer des sociologues aux ordres du pouvoir. Mais lorsqu’on obéit aux ordres, on ne découvre rien de très intéressant. Il n’y a que les scientifiques libres qui découvrent des théories pertinentes, et souvent subversives.

Cela ne veut pas dire que tout ce que les scientifiques découvrent est intéressant, ni qu’on est obligé d’être d’accord avec eux sur tout. Laissons-les découvrir, débattre, confronter leurs idées au reste de la société… et l’histoire triera ce qui s’avère pertinent de ce qui ne l’est pas.

Alors que certains reprochent aux sociologues d’être trop engagés, d’autres leur reprochent de trop rester dans leur tour d’ivoire universitaire, et de s’être coupés des terrains qu’ils sont censés étudier. Ils conseillent de rendre justice aux milieux militants, et de s’inspirer de leurs idées les plus puissantes et novatrices, quitte ensuite à les formaliser et les reformuler.

On se doute que ce genre d’approche ne va pas plaire aux gouvernants, qui vont en être l’une des cibles principales… Depuis Sarkozy, les critiques se sont faites de plus en plus sévères, jusqu’à avoir atteint le point Godwin sous Macron : aujourd’hui, quand on n’aime pas la critique d’un sociologue ou d’un politiste, il suffit de le traiter d’« islamo-gauchiste ».

Nos Blanquer, nos Darmanin et nos Vidal feraient mieux de lire les livres d’histoire : la répression et la surveillance des chercheurs ont déjà été testées, et elles ne fonctionnent pas ! Les insultes n’empêchent pas les idées de progresser, et ne freinent pas la dénonciation des inégalités, du sexisme ou du racisme. L’histoire triera, et si nos ministres échapperont peut-être à la prison, ils n’échapperont certainement pas aux poubelles de l’histoire…

Dror

Narration : Mélaka