En route pour la primaire populaire

Parler de la présidentielle devient douloureux à mesure que l’on se rapproche du scrutin. Dans Mazette n°18 (« un candidat pour les gouverner tous »), j’appelais à l’union des gauches pour éviter la lente agonie en 2022…

Je concluais par un souhait : que les élections régionales servent à en finir avec les rapports de force. Après avoir désigné un parti victorieux en juin, l’été devait être propice à l’établissement d’une stratégie commune. La rentrée de septembre devait amorcer au mieux l’union derrière un candidat, et au pire un calendrier pour une primaire.

Pas de bol : l’abstention record aidant, les résultats des régionales ont conforté tous les présidents sortants à leur poste ! Comme rien n’a bougé, c’est toujours la foire d’empoigne pour la présidentielle. C’est même pire qu’avant les régionales parce que 1) la candidate qui a refusé toute alliance (Carole Delga en Occitanie) a gagné alors que celle qui a réussi à créer l’union des gauches (Karima Delli dans les Hauts-de-France) a perdu. 2) Lorsque certains candidats (Julien Bayou en Île-de-France) se sont alliés pour le second tour, l’union n’a servi à rien puisque leur total de voix au second équivaut à l’addition des voix des différents partis de gauche au premier. 3) Les vainqueurs sont issus du PS, ce qui motive la gauche couille molle à présenter Hidalgo (et une roue de secours avec Montebourg).

À droite, selon les projections pour 2022, trois blocs aux forces comparables se dessinent : Zemmour, X candidat des LR et Marine Le Pen (Macron fait la course en tête loin devant). Je vous épargne le couplet sur la droitisation de la France : l’arrivée de Zemmour aurait pour effet de diviser les électorats de droite et de neutraliser leurs champions respectifs. En fait, Zemmour serait une bénédiction pour la gauche ! C’est vrai que les résultats seraient calamiteux pour les candidats de gauche pris individuellement – pas un ne dépasserait 10% ! Mais toutes candidatures confondues, la gauche recueillerait autour de 25% des intentions de vote, un niveau comparable au premier tour de 2017. Un candidat unique pour la gauche serait capable de doubler ceux de droite, car leur surnombre ferait baisser le ticket d’entrée au second tour. 

Des gens qui ont mal à leur gauche organisent actuellement une « primaire populaire » à la place des partis. 130.000 personnes ont déjà voté et désigné les 10 personnalités les plus légitimes pour porter un programme de gauche. Parmi les présélectionnés figurent Mélenchon, Hidalgo et Jadot. Le hic, c’est qu’aucun des trois ne veut y participer (pour le moment). Second hic, cette primaire écarte d’autres candidats déjà déclarés (Montebourg, Roussel, Poutou et Arthaud). Dernier hic : le vote se déroulera du 13 au 16 janvier, soit à 3 mois de l’élection. Or, le temps c’est de l’argent : les partis vont-ils arriver à s’accorder sur le remboursement des frais déjà engagés, principale cause de l’échec de 2017 ?

Pour en savoir plus https://primairepopulaire.fr/

Le Marteau

IMG 7603
Narration : Mélaka – musique : Poko